LE DIRE DE GUERNICA - Les prémices de l'horreur
- Quelle est donc l’humeur du temps à Guernica ?
- Bonne avec quelques gentils cumulus sans grande incidence. Ainsi, la végétation est en fête à l’orée du printemps
- A l’autre bout du fil, l’aurore est-elle belle ? Serait-elle fraîche ?
- L’air du Sud souffle l’euphorie à Guernica où les recrues protègent les montagnes comme chaque jour.
- Ne percevez-vous pas le son des canons, au loin ?
- Ici, il n’y a que choc de fleurs épanouies.
- N’apercevez-vous pas des flammes dans le ciel ?
- Il ne gronde que l’orage sur « la Montagne San Miguel », paysage si familier à l’oeil des Basques.
- Mais ne sentez-vous pas progresser la frayeur ?
- « Nous avons deux mille ans de peur et d’effroi/ Et depuis bien plus les montagnes sur nous battent des ailes. »
- Ne distinguez-vous pas le danger rouge sang ?
- Le vin a enivré notre nuit et nous ne manquons de rien. Nous avons des fusils, des oiseaux mécaniques, des hirondelles, des grenades aussi, « Nous n’avons pas besoin à Guernica de bombes éclairantes/ Nous avons la mise à feu – avec Rosa Mystica – de Notre Dame de Gardenia ». Ainsi, il fond brise d’argent sur lueurs sucrées.
- Fait-il noir à la cime de votre Grand Chêne ?
- « C’est l’aube dans l’enfer et le Chêne s’agite/ Pour saluer l’aube de ce siècle ».
Et depuis Paris, le village de Guernica s’est tu…
Ce poème - dialogue-radio - au ton résolument candide ne peut laisser présager le funeste destin que connaîtra le village basque de Guernica quelques heures plus tard.
Les images empreintes d’un lyrisme éclatant soulignent une foi inébranlable prête à contrecarrer le sort devant l’avancée du canon. Le tout sublimé par la musique des vers.
Bernard Manciet, poète des racines mais de la douleur, signe un ouvrage sanctifié par ses pairs.
Le dire de Guernica, Bernard Manciet, éditions l'Escampette.
#Poésie, #BernardManciet ; l'EscampetteEditions, #- Bernard Manciet ; -éditions de l'Escampette, #Guernica ; Picasso ; 1937 ; muséeReinaSofia