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Publié par Littérature et Cie

LES DESSOUS DE HOLLYWOOD
LES DESSOUS DE HOLLYWOOD
LES DESSOUS DE HOLLYWOOD
LES DESSOUS DE HOLLYWOOD

Fort de ses deux précédents ouvrages, dont un hommage à l’acteur Louis Jourdan, Olivier Minne revient avec un roman qui égratigne non sans humour l’univers hollywoodien. Brillant !

Los Angeles, juin 1958. Abigail Fairchild sort de son isolement pour retourner au légendaire Chateau Marmont, hôtel de West Hollywood à la renommée sulfureuse. Recluse depuis plus de vingt ans dans son manoir de Brentwood, l’ancienne starlette de la Paramount, un temps directrice des lieux avait renoncé à toute vie mondaine. Ces rendez-vous ponctuels vont faire renaître chez elle la fantaisie de ses folles années, lorsqu’elle était célèbre, de ses amitiés avec Rudolph Valentino, Errol Flynn…du cinéma d’antan. Sa rencontre avec l’énigmatique Wayne Cornwall lui donne l’envie furieuse d’apporter sa touche personnelle à cette demeure baroque qui a perdu de son éclat. L’employé maladroit de l’hôtel qui n’a pour seule promesse que ses seize ans est arrivé à Hollywood par des chemins de hasard. Ce qui va attiser la curiosité de la vieille dame. Il cache un lourd secret. Abigail aussi. Elle lui invente un passé, lui apprend à jouer avec la vérité, le met en garde sur les illusions de la ville aux chimères. Ici plus que nulle part ailleurs on y joue magistralement la comédie. De cet attachement filial dépendra l’avenir du jeune homme.

Ce lien tisse la toile du roman car à travers le destin de Wayne Corwall c’est aussi l’histoire fascinante du palace que retrace Olivier Minne. De 1931 à 1983 en passant par le tournant délicat des sixties puis des seventies qui bouleversera le 7eme art et la création artistique, l’hôtel a dû s’adapter à une clientèle plus libertaire encore.

Ce haut lieu people a abrité les grands noms du monde entier et quelques tragédies aussi comme la mort de l’acteur-humoriste John Belushi en 1982. Ainsi on y croise Warren Beatty, jeune premier qui affiche déjà des records de conquêtes alors qu’il n’a pas un dollar en poche. Les selects bungalows de l’établissement abriteront les amours clandestines d’Anthony Perkins, Rock Hudson ou Tab Hunter mais avant eux Glenn Ford et William Holden. Au point que Harry Cohn, directeur de la Columbia aurait ordonné à ses équipes « Si vous devez vous attirer des problèmes, faîtes-le au Chateau Marmont », en un temps où le code cinématographique ne rigolait pas avec les mœurs dissolues des acteurs. Nul n’est besoin de préciser la grande tolérance dont l’établissement a toujours fait preuve par discrétion à l’égard de sa clientèle huppée. Natalie Wood, encore mineure se réfugiera dans le mythique penthouse n° 54. La volcanique Rita Hayworth y noiera dans l’alcool son mal d’aimer. Mais rien de ce qui se passe au Chateau Marmont ne sort du Chateau Marmont.  N’est-ce pas « a safe haven » ? Telle est la devise des lieux.  Le Tout-Hollywood a fréquenté le palace que ce soit pour un verre ou pour une nuit comme Jean Harlow surnommée Mama Jean, Paul Newman accompagné de Joanne Woodward juste mariés, et plus tard Jim Morrison. Duke Ellington y trouvera l’inspiration à une époque où les autres hôtels n’acceptaient pas les Noirs.

Au gré de l’évolution des personnages de fiction mêlés à la vie trépidante des stars déambulant au Chateau Marmont, se dessine le rêve américain. Celui de tous les possibles. Et au milieu de cette microsociété des excès intrigue la piquante Miss Fairchild. A moins que ce ne soit le fantôme d’Anna Little. Who knows ? Un roman truculent, passionnant et addictif !

 

Un château pour Hollywood, Olivier Minne, couverture : Marc-Antoine Coulon,  éditions Séguier, 334 p. 2020

 

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