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Publié par Littérature et Cie

Lais et autres contes courtois de Marie de France
Lais et autres contes courtois de Marie de France
Lais et autres contes courtois de Marie de France
Lais et autres contes courtois de Marie de France

La poétesse se fait l’écho d’aventures fabuleuses qui lui furent contées. Afin qu’elles ne soient point oubliées, elle les porta en rimes offertes à son roi. Dès lors, « oyez le commencement » :

Dans une ville proche de Saint-Malo et fort renommée des lieues à la ronde, vivaient deux valeureux chevaliers. L’un avait pour épouse une femme fort élégante. L’autre resté célibataire, était disait-on, téméraire et d’une extrême bonté. Or, il tomba bientôt en amour pour la dame de son voisin. Il sut si galamment par ses mots la séduire que la belle fut éprise. Ils s’entraimèrent sagement en se cachant. Protégeant leur bonheur, nul ne les vit jamais ensemble. Ils pouvaient, tant étaient proches leurs domaines, se parler à leur guise, de jour comme de nuit, à leurs fenêtres. De la sorte, longtemps ils se virent jusqu’à l’été quand verdirent les arbres masquant les demeures. Le preux paladin, emporté par la passion, se livra alors tout entier à sa Douce au cœur des jardins fleuris où le soir tombé les deux amoureux se retrouvaient : Ils avaient plaisir à se voir/ Puisqu’ils ne pouvaient plus a voir.

Soudain courroucé de savoir au crépuscule sa dulcinée disparaître, le mari s’enquit de ce qu’elle allait faire dans la pénombre. Elle lui répondit qu’elle ne connaissait joie plus exquise que d’écouter le chant du rossignol sous la lune. Son désir est, en outre, si ardent qu’elle a grand peine à trouver le sommeil. A ce discours, le seigneur gloussa avec colère. Il décida alors de prendre au piège le guilleret oisillon. Aussi fut- il fait prisonnier, puis par l’époux présenté à sa dame qui désormais pourra dormir en paix sans plus avoir à veiller jamais. La dulcinée meurtrie se pencha vers le frêle volatile qui aussitôt fut étouffé par les mains du seigneur, ensuite jeté sur la compagne en larmes.

Elle ne pourra plus désormais à la croisée retrouver son ami qui s’inquiètera de son absence. Elle lui adressa par l’entremise d’un fidèle valet l’oiseau de nuit accompagné d’une missive narrant l’aventure sur soie brodée, ouvrage au creux duquel elle plaça le rossignol. Le brave chevalier fou de douleur, fit confectionner un coffret de fer forgé serti des plus belles pierres. Là, il mit l’oiselet afin qu’il repose pour l’éternité. Le petit cercueil, il garda à ses côtés.

Ainsi s’achève Le Lai du rossignol qui fut repris et conté à travers la contrée bretonne.

Marie de France – qui vécut à la cour du roi d’Angleterre au XII e siècle – nous initie au genre poétique médiéval quand les beaux sentiments se susurraient en effleurant la vielle. Tous les idéaux chevaleresques sont ici présents réunissant courage, jeunesse, beauté mais passion qui caractérisent le lai celtique écrit à l’origine en ancien français.

Un grand classique doublé d’une délicieuse lecture rendue plus accessible grâce à la nouvelle traduction de Françoise Morvan.

A redécouvrir.

Le Lai du rossignol et autres lais courtois, Marie de France, Librio, 155 pages

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